Espaces publics et jardins partagés

Constat:

Nous habitons des espaces numériques

Constat principal:

Ce n’est même plus la peine de le dire: nous habitons un espace numérique. Où sommes nous en ce moment même? Comment est fait l’espace que nous habitons maintenant? Regardez autoru de vous: l’espace est fait par une série d’éléments architecturaux, physiques, bien clairs pour nous: des chaises, des murs, des lumières, des distances, des choses visibles des choses invisibles…

Mais ces éléments ne sont las les seuls. Il y en a d’autres. Ces autres “choses” qui contituent l’espace physique, j’insiste, que nous habitons sont devenus de plus en plus évident depuis 2 ans. aujourd’hui il semble normal de continuer la liste en ajoutant: des câbles, des routers, des protocoles de connexion, des protocoles de compression des images et des sons, des dispositifs tels que des smartphones, des ordinateurs, des caméras… Et font partie de l’espace où nous trouvons actuellement aussi les pièces où se trouvent les gens qui participent depuis chez eux, et que nous voyons dans des petits carrés. Font partie de cet espace des câbles particuliers, des serveurs particuliers (de zoom? de jitsi? autres?) qui se trouvent physiquement dans des endroits particuliers, qui sont alimentés par de l’énergie produite d’une certaine manière, dans un pays particulier, à un coût donné.

L’espace que nous habiutons est un espace physique, réel et toujours numérique. Le numérique est la matérialité de l’ensemble des éléments qui a désormais modifié l’espace prénumérique en le reconfigurant, en l’ouvrant parfois, en le renfermant d’autres fois.

Tout espace est désormais numérique, même un espace non connecté. Il l’est parce que même sans cellulaires, même à une distance immense de tout dispositif numérique, le numérique a modifié le sens de tout lieu: même si vous allez dans le plus profond nord du canada, où il n’y a rien pendant des kilomètres et des kilomètres, vous serez toujours dans un espace cartographié numériquement, acéssible depuis google, compris dans une série d’enjeux économiques, géopolitiques et culturels qui eux sont tous depuis longtemps numériques.

La pandémie n’a fait que rendre plus visible - et peut-être accélerer une situation qui était déjà là depuis désormais au moins 20 ans.

Ce constat principal a deux corollaires:

J. David Bolter, Writing space: computers, hypertext, and the remediation of print, Mahwah, N.J., Lawrence Erlbaum Associates, 2001.

Enrico Agostini Agostini Marchese, « How to do cities with words. Ville, espace et littérature à l’ère hyperconnectée », L’agir en condition hyperconnectée : art et images à l’œuvre, Les Ateliers de [sens public], 2020.

Boris Beaude, Internet, changer l’espace, changer la société: les logiques contemporaines de synchorisation, Limoges, France, Éditions Fyp, coll. « Collection “Société de la connaissance” », 2012, 256 p.

Marcello Vitali-Rosati, On Editorialization: Structuring Space and Authority in the Digital Age, Amsterdam, Institute of Network Cultures, coll. « Theory on demand », nᵒ 26, 2018.

Les espaces numériques sont matériels

Nouveau matérialisme Nicole Starobienski

Contre rhétorique de l’immatérialité et de la neutralité.

Contre Baumann et liquidité. Ce n’est pas liquide du tout!

Les environnements numériques sont des espaces:

matériels
réels
habitables
architecturaux
hétérogènes
pluriels (?)

Zygmunt Bauman, Liquid life, Cambridge, UK ; Malden, MA, Polity Press, 2005, 164 p.

Karen Barad, Meeting the Universe Halfway: Quantum Physics and the Entanglement of Matter and Meaning, Second Printing edition, Durham, Duke University Press Books, 2007, 544 p.

Christopher N. Gamble, Joshua S. Hanan et Thomas Nail, « What is new materialism? », Angelaki, vol. 24, nᵒ 6, novembre 2019, p. 111‑134.

Nicole Starosielski, The undersea network, Durham, Duke University Press, coll. « Sign, storage, transmission », 2015, 292 p.

Le numérique n’est pas un espace parallèle

C’est un bien et un mal… un bien parce que c’est réel, un mal parce que ce n,est pas libre par rapport aux états et aux autres pouvoirs…

Barlow etc. John Perry Barlow, « A Declaration of the Independence of Cyberspace », Electronic Frontier Foundation, 1996, en ligne, https://www.eff.org/cyberspace-independence, consulté le 24 septembre 2019.

Pensons surtout à la notion de cyberespace telle qu’elle a été popularisée par Barlow dans sa célèbre Déclaration d’indépendance du cyberespace [@barlow_declaration_1996] : le numérique semble déployer un espace de vie habitable. Cet espace a été initialement associé à une réalité parallèle : selon Barlow, par exemple, l’espace numérique s’échappe des espaces territoriaux appartenant aux États. Un espace parallèle, donc, où nous sommes libres de tous les pouvoirs qui caractérisent les espaces non numériques. Barlow n’est pas le seul à diffuser cette rhétorique : grâce à l’influence de l’imaginaire littéraire et cinématographique, s’est diffusé dans les mêmes années un véritable imaginaire de l’espace virtuel. Le numérique déploierait un espace parallèle, souvent fictif - comme celui des jeux vidéo, représentés dans des livres comme Neuromancien de Gibson [@gibson_neuromancer_1984], ou dans des films, comme Existenz de Cronenberg (1999) ou La matrice des Wachowski (1999).

Pierre Lévy, Qu’est-ce que le virtuel ?, Paris, France, Éd. la Découverte, coll. « Sciences et société (Paris. 1984), ISSN 0763-4641 », 1995, 156 p.

Le numérique n’existe pas

Problème: un espace unique et privé, une pensée unique et privée

Que faire?

Les collectifs et les espaces publics

Dysfonctionnement et émergence de la pensée critique

Socrate et les bugs

Cultiver son jardin

Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin Voltaire, Candide

Références

Karen Barad, Meeting the Universe Halfway: Quantum Physics and the Entanglement of Matter and Meaning, Second Printing edition, Durham, Duke University Press Books, 2007, 544 p.
John Perry Barlow, « A Declaration of the Independence of Cyberspace », Electronic Frontier Foundation, 1996, en ligne, <https://www.eff.org/cyberspace-independence>, consulté le 24 septembre 2019.
Zygmunt Bauman, Liquid life, Cambridge, UK ; Malden, MA, Polity Press, 2005, 164 p.
Cédric Biagini, L’emprise numérique: comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies, Montreuil, Éditions L’Échappée, coll. « Collection Pour en finir avec », 2012, 445 p.
J. David Bolter, Writing space: computers, hypertext, and the remediation of print, Mahwah, N.J., Lawrence Erlbaum Associates, 2001.
Sébastien Broca, Utopie du logiciel libre: du bricolage informatique à la réinvention sociale, Neuvy-en-Champagne, Éditions Le Passager clandestin, 2013, 282 p.
Elinor Carmi, Media distortions: understanding the power behind spam, noise, and other deviant media, New York, Peter Lang, coll. « Digital formations », n^o vol. 121, 2020, 270 p.
Christopher N. Gamble, Joshua S. Hanan et Thomas Nail, « What is new materialism? », Angelaki, vol. 24, n^o 6, novembre 2019, p. 111‑134.
Jürgen. Habermas, L’Espace public : archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, traduit par Marc B. de Launay, WorldCat.org, Paris, Payot, coll. « Critique de la politique Payot. », 1993.
Pierre Lévy, Qu’est-ce que le virtuel ?, Paris, France, Éd. la Découverte, coll. « Sciences et société (Paris. 1984), ISSN 0763-4641 », 1995, 156 p.
Margot Mellet, « Manifeste des petites mains | », Blank.blue, 2021, en ligne, <https://blank.blue/meditions/manifeste-des-petites-mains/>, consulté le 8 mars 2022.
Servanne Monjour, « Remédiations et poétiques tactiles de la littérature numérique », Ecranosphère, 2018, p. 17.
Evgeny Morozov, To Save Everything, Click Here: The Folly of Technological Solutionism, First Trade Paper Edition edition, PublicAffairs, 2013, 434 p.
Elinor Ostrom, Governing the commons: the evolution of institutions for collective action, Cambridge, United Kingdom, Cambridge Univ Press, coll. « Canto classics », 2015, 280 p.
Lionel Ruffel, Brouhaha: les mondes du contemporain, Lagrasse, Verdier, 2016, 217 p.
Nicole Starosielski, The undersea network, Durham, Duke University Press, coll. « Sign, storage, transmission », 2015, 292 p.
Joëlle Zask, La démocratie aux champs: du jardin d’Éden aux jardins partagés, comment l’agriculture cultive les valeurs démocratiques, Paris, la Découverte, 2016.