Le sens émerge dans des conditions matérielles spécifiques.
Gérard Wormser, Nicolas Sauret, Louise Merzeau, Servanne Monjour, …
Dès qu’un dispositif de médiation s’intercale dans la relation première entre l’information et celui qui l’exploite, un ordre organisationnel intervient. Il y a une construction, une « éditorialisation », qui introduit une médiation, mais aussi un éloignement dû à la mise en place d’un système qui est à la fois intellectuel, (par les opérations de traduction et d’interprétation), et organisationnel (parce qu’il gère les modes d’accessibilité et de relations).
On passe ainsi de l’indexation pour la recherche à l’indexation pour la publication. Comme cette dernière s’effectue selon des règles et des normes, on parlera plutôt d’éditorialisation, pour souligner le fait que les segments indexés sont enrôlés dans des processus éditoriaux en vue de nouvelles publications.
Bruno Bachimont, « Nouvelles tendances applicatives : de l’indexation à l’éditorialisation », in L’indexation multimédia, Paris, Hermès, 2007
l’éditorialisation désigne l’ensemble des appareils techniques (le réseau, les serveurs, les plateformes, les CMS, les algorithmes des moteurs de recherche), des structures (l’hypertexte, le multimédia, les métadonnées) et des pratiques (l’annotation, les commentaires, les recommandations via les réseaux sociaux) permettant de produire et d’organiser un contenu sur le web.
Cette capacité d’exploiter la fragmentation des contenus pour les agréger ne se limite pas à une habileté strictement procédurale. Loin de se limiter à la manipulation de tel ou tel logiciel, la compétence dont il est question relève de l’organisation des connaissances, c’est-à-dire de la mise en place de « procédés permettant la structuration de ces connaissances de manière à faciliter leur mémorisation, leur évocation et leur exploitation (attention, perception, raisonnement, mémoire) » (Zacklad, 2013). C’est ce savoir‑faire organisationnel qu’on qualifiera d’éditorialisation, pour marquer son inscription dans le temps long du savoir. Historiquement, la fonction première de l’éditeur est d’établir et de rassembler des textes dans un volume, en attestant sa clôture et la nécessité interne de ses articulations. Transposée dans l’environnement transmédiatique, cette tâche, tout en se maintenant, s’inverse : c’est désormais à une sorte d’étoilement des contenus que procèdent les collectifs d’éditeurs, en les interfaçant dans une pluralité de traitements.
L’éditorialisation désigne l’ensemble des dynamiques qui produisent et structurent l’espace numérique. Ces dynamiques sont les interactions des actions individuelles et collectives avec un environnement numérique particulier.
L’éditorialisation est l’ensemble des dynamiques qui constituent l’espace numérique et qui permettent à partir de cette constitution l’émergence du sens. Ces dynamiques sont le résultat de forces et d’actions différentes qui déterminent après-coup l’apparition et l’identification d’objets particuliers (personnes, communautés, algorithmes, plateformes. . . ).
Vitali-Rosati, Marcello. Pour une pensée préhumaine, Humanités numériques, éditorialisation et métaontologie. 2021. Sens public. http://sens-public.org/articles/1598/