Éditorialiser le monde: cartographies, connaissances et réalité
Marcello Vitali-Rosati
Le rêve du savoir total
Κατασταθεὶς ἐπὶ τῆς τοῦ βασιλέως βιβλιοθήκης Δημήτριος ὁ Φαληρεὺς ἐχρηματίσθη πολλὰ διάφορα πρὸς τὸ συναγαγεῖν, εἰ δυνατόν, ἅπαντα τὰ κατὰ τὴν οἰκουμένην βιβλία
Étant responsable de la bibliothèque du roi, Démétrios de Phalère avait reçu beaucoup de moyens pour rassembler, dans la mesure du possible, tous les livres du monde.
Lettre d'Aristée , texte grec édité par H.StJ.Thackeray (1914), consulté en ligne. Ma traduction
- lettre d'aristée 150 ac
- on parle de Ptolemée 1
- recolter tout le savoir du monde
- bibliothèque d'Alexandrie - fondée au III^e siècle par Ptolémée I^er Sôter
- incendie? canfora
Rassembler tous les livres du monde, un rêve qui traverse toute notre histoire, une obsession millénaire. Le pseudo-Aristée en parle dans cette lettre du II^e^ siècle av. J.C. - très connue pour être la première source à parler de la traduction des Septante. La bibliothèque d'Alexandrie - fondée au III^e siècle par Ptolémée I^er Sôter - est une des incarnation de ce rêve qui a le plus marqué l'imaginaire collectif. Un rêve qui s'évanouit avec les flammes qui, toujours dans l'imaginaire collectif, détruisent la bibliothèque. Cet incendie, dont Canfora a démontré l'impossibilité[^2], a probablement juste la fonction de limiter la hybris du savoir absolu, de remettre les hommes à leur place, de les éloigner de la divinité.
Rassembler et structurer
- rassembler mais aussi structurer - aristote
- L'architecture-bibliothèque est faite par les livres.
- C'est le début d'un processus de fusion entre architecture et savoir
Le projet de la bibliothèque universelle misait à rassembler tous les livres du monde pour posséder la totalité du savoir. Mais posséder les livres n'était pas suffisant: il fallait aussi les organiser. La période héllénistique a été profondément caractérisée par cette volonté de hiérarchisation et de catalogage. Héritiers d'Aristote, les intellectuelles alexandrins sont des maniques de l'organisation du savoir.
Tresser les connaissances comme dans une couronne de fleurs
ἢ τίς ὁ καὶ τεύξας ὑμνοθετᾶν στέφανον;
qui a tressé cette couronne de poètes ?
Cf. Anthologie Palatine , 4.1, en ligne
- Méléagre
C'est l'époque qui voit l'apparition des anthologies, dont une des plus connue est probablement la couronne de Méléagre, l'anthologie d'épigrammes qui constitue le cœur de celle qui deviendra l'Anthologie grecque. L'intellectuel ne se limite pas à récolter des textes, il les organise, il en soigne attentivement la disposition et l'organisation, comme s'il faisait une couronne de fleur. Le préambule de la couronne de Méléagre tisse cette métaphore: ἢ τίς ὁ καὶ τεύξας ὑμνοθετᾶν στέφανον;
qui a tressé cette couronne de poètes[^3]? Chaque poète est associé à une fleure et Méléagre, en artiste floréal savant et ingénieux, a su les mettre ensemble pour créer un tout cohérent.
Knowledge design
Jeffrey Schnapp
Architecture de la connaissance
Manuel Zacklad
- bibliothèque: le batîment et les livres
- knowledge design schnapp et architecture de la connaissance vs organisation de la c. Zacklad
Rassembler le savoir et l'organiser, voici le rêve dont Alexandrie est une des manifestations. La bibliothèque, comme le montre Canfora, est à la fois le bâtiment où les livres sont conservé et les livres eux-mêmes: de fait il n'y a pas un bâtiment dédié aux livres, ces livres sont conservé dans le un édifice préexistant. L'architecture-bibliothèque est faite par les livres. C'est le début d'un processus de fusion entre architecture et savoir: on organise le savoir comme on organise la construction d'une maison. L'organisation matérielle des livres correspond à l'organisation du savoir.
On pourrait dire qu'Alexandrie est un exemple de "knowledge design" pour utiliser l'expression de Jeffrey Schnapp[^4], ou alors de ce qu'on pourrait définir une "architecture de la connaissance"[^5].
Le projet encyclopédique
[Un ouvrage] qui doit contenir un jour toutes les connoissances des hommes
[...] si les Anciens eussent exécuté une Encyclopédie, comme ils ont exécuté tant de grandes choses, & que ce Manuscrit se fût échappé seul de la fameuse Bibliotheque d'Alexandrie, il eût été capable de nous consoler de la perte des autres.
[...]cet Ouvrage pourroit tenir lieu de Bibliotheque dans tous les genres à un homme du monde
Encyclopédie, Discours préliminaire
- Encyclopédie 1751-1772
- L'Encyclopédie reproduit l'architecture des connaissances qu'est la bibliothèque.
- renvois
- L'Encyclopédie est l'organisation architecturale de tout le savoir.
Ce projet titanesque d'organiser dans un tout cohérent et structuré l'ensemble du savoir humain est la base - deux-milles ans plus tard - du projet encyclopédique tel qu'imaginé par Diderot et D’Alembert. De cet ouvrage, "qui doit contenir un jour toutes les connoissances des hommes", les deux éditeurs affirment que "si les Anciens eussent exécuté une Encyclopédie, comme ils ont exécuté tant de grandes choses, & que ce Manuscrit se fût échappé seul de la fameuse Bibliotheque d'Alexandrie, il eût été capable de nous consoler de la perte des autres." Le lien avec la grande Bibliothèque est là. l'Encyclopédie est une bibliothèque, comme ses éditeurs l'affirment à plusieurs reprises - "cet Ouvrage pourroit tenir lieu de Bibliotheque dans tous les genres à un homme du monde"[^11]. Il s'agit d'une bibliothèque parce qu'il rassemble la totalité du savoir en l'organisant de façon structurée. L'Encyclopédie reproduit l'architecture des connaissances qu'est la bibliothèque. Un arbre de la connaissance précède les entrées du dictionnaire, entrées qui essayent de reproduire cette architecture des connaissances en défiant l'ordre alphabétique grâce à l'emploi généralisé des "renvois" entre les articles. La fonction de ces revois, comme le souligne bien @melancon, est plus symbolique que pratique: le lecteur de l'époque aurait pu difficilement en profiter à cause du fait que leur forme était irregulière, que souvent ils renvoyaient à des articles qui n'étaient pas encore parus, et que les volumes de l'Encyclopédies étaient très peu maniables. Les renvois ne servent pas vraiment au lecteur pour "naviguer" dans l'Encyclopédie; ils sont plutôt le signe d'une structure, d'une architecture. Comme le souligne @melancon, avec les renvois Diderot et D'Alembert veulent organiser la matière encyclopédique de la même manière:
> qu'ils voulurent rapporter les articles à un arbre des connaissances
et qu'ils conçurent un frontispice allégorique supposant une
forte cohérence des domaines de la connaissance.[^6]
L'Encyclopédie est l'organisation architecturale de tout le savoir.
Architecture de l'information
- Paul Otlet
- sciences de l'information
- "fait référence à la nécessité d’une modélisation cohérente de l’information en amont pour que le concepteur puisse être à même de la représenter sous une forme graphique qui pourra elle-même être évaluée"
- le projet semble faisable Richard Saul Wurman (en). Wurman voit l'architecture comme « used in the words architect of foreign policy. I mean architect as in the creating of systemic, structural, and orderly principles to make something work--the thoughtful making of either artifact, or idea, or policy that informs because it is clear
L'organisation systématique et organique des connaissances manifeste encore son caractère architectural dans le projet de Paul Otlet, par exemple, et elle devient discipline avec les sciences de l'information. C'est dans ce cadre qu'émerge dans les années 1970 la notion d'"architecture de l'information" qui "fait référence à la nécessité d’une modélisation cohérente de l’information en amont pour que le concepteur puisse être à même de la représenter sous une forme graphique qui pourra elle-même être évaluée"[^7]. Avec les développements de la technique au XX^e siècle la réalisation du projet d'une architecture globale des connaissances semble devenir encore plus faisable.
Memex
- miniaturisation des documents
- réalisation progressive de l'arcitecture des connaissances
-
Cette architecture grâce à la progressive miniaturisation des documents - d'abord avec les microfilms, ensuite avec les supports électroniques - pourrait s'actualiser dans l'espace d'un grand bureau - comme le Memex de Vannevar Bush en 1945 - et finalement dans un téléphone portable.
Le web
- quantité de documents
- accessibilité
- HTML HTTP - organisation cohérente totale
Le projet de Tim Berners-Lee, par la quantité gigantesque des documents qu'il accueille aussi que par la complexité de sa structure architecturale qui permet une organisation organique d'un nombre potentiellement illimité de connaissances semble être la réalisation du rêve du savoir absolu. Le web est la bibliothèque exhaustive, où tout peut être trouvé et surtout où tous les contenus sont organisés dans un réseaux organique et cohérent grâce à un langage de balisage universel - le HTML - et à un protocol standardisé d'échange de donnés - le HTTP.
Architecture comme métaphore?
- Métaphore?
- Allégorie?
- organiser l'espace DU SAVOIR pas l'espace lui-même
- Aspiration à l'homothétie, mais il y a une rupture
Mais jusqu'ici celle de l'architecture n'est qu'une métaphore, ou alors, comme dans le frontispice de l'encyclopédie, une allégorie: il s'agit d'organiser et de structurer le temple de la connaissance. Cette métaphore nous renvoie à une rupture claire entre deux champs différents: celui de l'épistémologie et celui de l'ontologie. L'architecture de la connaissance - qu'elle se manifeste sous la forme du projet de la bibliothèque universelle ou de l'encyclopédie, qu'elle se définisse comme une knowledge design ou comme une architecture de l'information - vise à organiser l'espace du savoir. Cet espace est - ou aspire à être - homothétique par rapport au monde réel, mais il reste quand même séparé de ce dernier. Nous organisons ce que nous savons sur le monde.
Peut-on aller au delà de cette rupture entre épistémologie et ontologie? Est-ce possible de sortir de la métaphore?
Un savoir opérationnel
Au lieu des lecteurs, il y aurait des usagers de l’Encyclopédie
Melançon, Benoît. « Sommes-nous les premiers lecteurs de l’Encyclopédie ? » Dans Les Défis de la publication sur le Web : hyperlectures, cybertextes et méta-éditions, édité par Jean-Michel Salaün et Christian Vandendorpe, 165‑85. Lyon: ENSSIB, 2004.
- volonté d'un savoir qui nous permette d'agir
- Contemplation vs opération
- Lecteurs vs usagers
- paradigme représentatif vs paradigme performatif
- Voir vs faire
Il est évident que la volonté de rapprocher de plus en plus la connaissance du monde dont elle est connaissance accompagne dès le début le rêve du savoir total, ne serait-ce que parce que le sens même du savoir est d'avoir un contrepartie opérationnelle. Être capable de comprendre l'architecture du savoir signifie aussi être capable de comprendre l'architecture du monde et par ce biais être capable d'agir dans et sur le monde. L'aspect opérationnel de la connaissance est une caractéristique claire de l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert où on peut trouver les règles du jeu de dame et où Mme de Pompadour pouvait chercher des informations sur la composition d'un cosmétique[^8]. "Le lecteur, déjouant les pièges de l’évidence en passant d’un article à l’autre grâce au système des renvois, apprend à faire de même dans le monde réel dont l’Encyclopédie se veut le miroir."[^9] @melancon souligne cet aspect opérationnel du savoir de l'Encyclopédie en affirmant que "[a]u lieu des lecteurs, il y aurait des usagers de l’Encyclopédie." L'aspect contemplatif du savoir est remplacé par une volonté d'agir, le paradigme du savoir comme représentation du monde est remplacé par celui d'un savoir qui permet d'opérer. Nous pourrions dire que l'on passe d'un paradigme représentatif à un paradigme performatif et ce passage est souligné par l'emploi d'un terme comme "usager". Il est intéressant de voir que dans les environnement numériques tel passage s'est fait avec les années: la notion de lecture semble progressivement perdre sa primauté pour laisser la place à la notion d'usage.
Ce changement d'interprétation peut être retrouvé, pour ne faire qu'un exemple, dans la critique que @galloway porte contre les thèses de @manovich. Le web, affirme Galloway ne peut plus être interprété en utilisant le paradigme des écrans - qui semblait être la base de l'analyse de Manovich quelques années avant. On ne regarde pas le web, on agit sur le web. Le dispositif de la vision - cher au savoir théorique qui était à la base de l'approche aristotélicienne - cède la place à l'action.
La fusion entre savoir et monde devient presque totale.
Dames
Dames, (Jeu de) Le jeu de dames se joüe avec les dames. Voyez les art. Dame & Damier. [...] On commence le jeu par placer ses dames.
Aux dames françoises le joüeur A place ses douze dames sur les douze quarreaux ou cases a, b, c, d, &c. & le joüeur B, les douze siennes sur les douze cases 1, 2, 3, 4, 5, &c. fig. 1. Chaque joüeur joue alternativement. Lorsque le joüeur A a poussé une de ses dames, le joüeur B en pousse une des siennes.
Diderot, Encyclopédie
- Exemple Dames
- Mais sur le web je joue aussi!
Des exemples pourront illustrer cette idée. Le lecteur-usager de l'Encyclopédie, nous avons dit, pouvait chercher dans l'ouvrage les règles du jeu des dames. L'entrée est par ailleurs rédigée par Diderot lui-même. On y lit:
> Dames, (Jeu de) Le jeu de dames se joüe avec les dames. Voyez les art. Dame & Damier. Il y a deux sortes principales de jeu de dames; on appelle l' un les dames françoises, & l' autre les dames polonoises. Aux dames françoises, chaque joüeur a douze dames; aux dames polonoises, vingt. On commence le jeu par placer ses dames.
> Aux dames françoises le joüeur A place ses douze dames sur les douze quarreaux ou cases a, b, c, d, &c. & le joüeur B, les douze siennes sur les douze cases 1, 2, 3, 4, 5, &c. fig. 1. Chaque joüeur joue alternativement. Lorsque le joüeur A a poussé une de ses dames, le joüeur B en pousse une des siennes.[^10]
Diderot continue à illustrer précisément les règles du jeu: la lecture de l'article est une véritable introduction au jeu et le lecteur, après la lecture, devrait être en mesure de commencer à jouer. Le savoir présenté a donc clairement un objectif opérationnel. Il ne s'agit pas seulement d'expliquer d'un point de vue théorique ce qu'est le jeu de dames et de placer cette activité dans un réseau global de connaissances - ce qui n'est par ailleurs pas réalisé car la catégorie "jeu" n'est pas placée dans l'arbre - mais aussi de mettre le lecteur dans la condition de pouvoir _concrètement_ jouer aux dames.
Or dans le cadre d'une recherche qu'un usager pourrait faire sur le web, bien évidemment on retrouve la même structure: on peut retrouver des informations sur l'histoire, la théorie et la valeur culturelle du jeu, mais on peut aussi chercher les règles et les utiliser comme un manuel pour commencer à jouer. Mais ces règles sont aussi implémentée dans des algorithmes qui permettent, dans le même espace, non seulement de les apprendre, mais aussi de jouer concrètement. Le savoir devient opérationnel lui-même. L'ordinateur est capable lui-même de produire l'espace de jeu - qui, dans le cas de l'Encyclopédie - devait être produit par le lecteur séparemment de l'Encyclopédie elle même - en achetant ;e jeu, en trouvant un autre joueur, en organisant un salon et une table pour pouvoir réellement jouer.
L'architecture de l'Être
- Ex ratp: je regarde en temps réel et un opérateur peut aussi organiser le trafic
- Epistemotecture vs ontotecture
- Paradigme performatif
- Google achete maps
Un autre exemple très simple: dans le modèle pré-numérique le lecteur-usager peux consulter une brochure avec les horaires du métro Parisien. Cette brochure lui donne de la connaissance sur le monde - et plus précisément sur le métro Parisien, ses lignes etc. Sur la trace du projet encyclopédique je peux imaginer un grand livre qui donne accès à tous les horaires de tous les transports du monde. Ce livre pourra sans doute donner à son lecteur des connaissances opérationnelles qui lui permettront d'être capable d'organiser un déplacement. Mais le déplacement se fera dans un espace autre: il devra aller acheter son billet quelque part, il se déplacera dans un espace qui est représenté par sa carte, mais qui ne correspond pas avec elle. Une application comme celle du métro Parisien porte à une fusion de ces deux espaces: elle me permet non seulement d'avoir une connaissance sur les lignes et sur leur état en temps réel, mais aussi d'opérer sur ces lignes mêmes: en tant qu'usager, je pourrai par exemple acheter le billet et donc déterminer qu'une place me soit reservée. Mais cela affectera la ligne elle même: on pourrait imaginer qu'un algorithme calcule le nombre de passegers qui ont acheter des billets pour établir le nombre des rames et leur fréquence. Ce qui se passe dans l'espace numérique est aussi ce qui se passe dans l'espace non-numérique, ou, pour être plus précis, il n'y a plus de différence entre les deux. Le développement progressif du web des objets va dans ce sens: les URI sont comme des **poignées** qui permettent à l'usager de saisir le monde et de l'organiser _physiquement_.
L'architecture en tant que geste d'organisation et de structuration ne concerne plus seulement les connaissances, mais le monde lui-même. On passe donc d'une architecture de la connaissance à une architecture de l'être. Nous sortons progressivement de la métaphore pour réaliser une fusion entre l'épistémologie et l'ontologie: en ligne nous structurons le monde et non seulement ce que nous savons sur lui. On pourrait dire que l'épistémotecture est remplacée par une ontotecture.
Ce passage d'un paradigme épistémologique à un paradigme ontologique détermine un fort renouveau de l'intéret pour la notion d'espace. Si celle de l'architecture n'est pas une métaphore et que donc l'espace organisé via les dispositifs numériques n'est pas seulement l'espace de la connaissance, la question se pose de savoir ce qu'est cet espace et comment l'appréhender.
Le fait qu'en 2007 Google, dont l'ambition originaire est justement d'avoir la fonction de structurer la totalité de la connaissance en un tout cohérent, achète une startup de cartographie numérique est un symptôme assez clair de la centralité de l'espace dans ce nouveau paradigme. Il ne s'agit pas seulement de structurer la connaissance, il s'agit de structurer le monde et donc de traiter la connaissance comme si elle était une partie intégrante de l'espace que nous habitons.
C'est cet empiétement d'espace et connaissance - et donc d'épistémologie et ontologie - qu'essaie d'interpréter la théorie de l'éditorialisation telle qu'elle s'est développée en France depuis une dizaine d'années.
Éditorialisation
l'ensemble des dynamiques qui produisent et structurent l'espace numérique. Ces dynamiques sont les interactions des actions individuelles et collectives avec un environnement numérique particulier.
Centralité de l'espace
Espace numérique = notre espace
Éditorialisation du monde (et non des contenus)
- Centralité de l'espace
- Espace numérique = notre espace
- Éditorialisation du monde (et non des contenus)
- centralité de la cartographie
- nous habitons le monde cartographié
Ce terme est de plus en plus employé par la communauté scientifique francophone pour faire référence à la production et circulation des contenus dans les environnements numériques, mais il est parfois difficile de saisir la signification exacte que les chercheurs lui attribuent.
Selon une première acception – plutôt restreinte – l'éditorialisation vient désigner l'ensemble des appareils techniques (le réseau, les serveurs, les plateformes, les CMS, les algorithmes des moteurs de recherche), des structures (l’hypertexte, le multimédia, les métadonnées) et des pratiques (l’annotation, les commentaires, les recommandations via les réseaux sociaux) qui permet de produire et d’organiser un contenu sur le web. En d'autres termes, l’éditorialisation est une instance de mise en forme et de structuration d’un contenu dans un environnement numérique. En ce sens, on dira que l'éditorialisation qualifie ce que devient l'édition sous l'influence des technologies numériques.
Cette première définition comprend cependant un inconvénient majeur: elle néglige la progressive fusion entre le paradigme épistémologique et le paradigme ontologique. Dans cette première définition, l'éditorialisation reste une sorte d'architecture des connaissances - le knowledge design de Schnapp.
Le changement de paradigme remet la notion d'espace a centre et impose de penser l'éditorialisation comme un véritable - et non métaphorique - acte architectural. L'éditorialisation vient alors désigner l'ensemble des dynamiques – soit les interactions des actions individuelles et collectives avec un environnement numérique particulier – qui produisent et structurent l'espace dans lequel nous vivons.
En d'autres mots, encore une fois, nous n'éditorialisons pas des contenus ou des informations à propos du monde, nous éditorialisons le monde lui-même. L'éditorialisation est une architecture de l'être, une ontotecture. L'éditorialisation explique la fin de la différence entre cartes et territoire.
Un rêve ou un cauchemar?
- Qui possède cet espace?
- Google?
- est-il HABITABLE
- Pouvons nous en être les protagonistes? les architectes?
Si cette fusion semble la réalisation d'un rêve millénaire, elle n'est pas sans poser problème.
Comme certains ne manquent de le signaler (@morozof), L'agencement de notre espace est de plus en plus concentré dans le main d'un petit groupe d'entreprises, dont Google est le premier représentant. Nous courons désormais tous le risque de demeurer passifs devant ces dispositifs et de subir l'agencement de l'espace qu'ils nous proposent. Comment éviter cet écueil ? Est-ce possible, à l'époque du numérique, de demeurer les principaux protagonistes de la production de l'espace dans lequel nous vivons ?
Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques
Le projet #transcan16
La Chaire à Calgary...
Qu'est-ce que cet espace?
Espace vide vs espace numérique?
Relation entre espace numérique et espace "non-numérique"
Rôle de la littérature
Intertextualités (Cortazar, Dunlop, Savelli Ménard...)
Un problème
Qui possède cet espace?
Rôle des infrastructures numériques
Comment devenir protagonistes?
Comment s'approprier l'espace?
Le rôle de la littérature
Détournements...
Des cartes (numériques et non-numériques)
Des récits (littéraires, historiques, privés, touristiques...)
Des images (photos, vidéos...)
Des écritures (sur plusieurs supports)... dont la nôtre
Notre éditorialisation de la transcanadienne
Des cartes postales numériques
Architectes du monde
- passage d'une architecture des connaissances à une architecture de l'être IMPLIQUE
- Usager passif - architecte du monde
- Responsabilité
Le passage d'une architecture des connaissances à une architecture de l'être nous oblige à assumer une responsabilité importante par rapport à nos pratiques d'éditorialisation et en général à l'ensemble de nos gestes et actions dans l'espace numérique. Nous ne pouvons pas nous limiter à être des usagers passifs: nous devons prendre en charge le rôle de véritables architectes.
Merci